Clown admirable, en vérité ! Je crois que la postérité, Dont sans cesse l’horizon bouge, Le reverra, sa plaie au flanc. Il était barbouillé de blanc, De jaune, de vert et de rouge.
Même jusqu’à Madagascar Son nom était parvenu, car C’était selon tous les principes Qu’après les cercles de papier, Sans jamais les estropier Il traversait le rond des pipes.
De la pesanteur affranchi, Sans y voir clair il eût franchi Les escaliers du Piranèse. La lumière qui le frappait Faisait resplendir son toupet Comme un brasier dans la fournaise.
Il s’élevait à des hauteurs Telles, que les autres sauteurs Se consumaient en luttes vaines. Ils le trouvaient décourageant, Et murmuraient : « Quel vif-argent Ce démon a-t-il dans les veines ? »
Tout le peuple criait : « Bravo ! » Mais lui, par un effort nouveau, Semblait roidir sa jambe nue, Et, sans que l’on sût avec qui, Cet émule de la Saqui Parlait bas en langue inconnue.
C’était avec son cher tremplin. Il lui disait : « Théâtre, plein D’inspiration fantastique, Tremplin qui tressailles d’émoi Quand je prends un élan, fais-moi Bondir plus haut, planche élastique !
« Frêle machine aux reins puissants, Fais-moi bondir, moi qui me sens Plus agile que les panthères, Si haut que je ne puisse voir, Avec leur cruel habit noir Ces épiciers et ces notaires !
« Par quelque prodige pompeux Fais-moi monter, si tu le peux, Jusqu’à ces sommets où, sans règles, Embrouillant les cheveux vermeils Des planètes et des soleils, Se croisent la foudre et les aigles.
« Jusqu’à ces éthers pleins de bruit, Où, mêlant dans l’affreuse nuit Leurs haleines exténuées, Les autans ivres de courroux Dorment, échevelés et fous, Sur les seins pâles des nuées.
« Plus haut encor, jusqu’au ciel pur ! Jusqu’à ce lapis dont l’azur Couvre notre prison mouvante ! Jusqu’à ces rouges Orients Où marchent des Dieux flamboyants, Fous de colère et d’épouvante.
« Plus loin ! plus haut ! je vois encor Des boursiers à lunettes d’or, Des critiques, des demoiselles Et des réalistes en feu. Plus haut ! plus loin ! de l’air ! du bleu ! Des ailes ! des ailes ! des ailes ! »
Enfin, de son vil échafaud, Le clown sauta si haut, si haut Qu’il creva le plafond de toiles Au son du cor et du tambour, Et le coeur dévoré d’amour, Alla rouler dans les étoiles.
ПРЫЖОК С ТРАМПЛИНА
Вот так бы он наверняка Вошел в грядущие века, Великолепный этот клоун: С пятном румянца на щеке, В своем трехцветном сюртуке — Зеленом, желтом и лиловом!
Недаром, легок так и смел, На целый мир он прогремел,— Не зная, что такое мимо, Он головою пробивал Бумагой стянутый овал И прыгал сквозь кольцо из дыма!
Он был настолько невесом, Что покатился б колесом По лестнице головоломной; И засверкал бы и расцвел Его взъерошенный хохол Цветком огня средь ночи темной.
А остальные прыгуны, Актерской зависти полны, Следя за ним в тревоге смутной, Не понимали ничего И говорили: — Колдовство! Не человек, а шарик ртутный! —
Толпа кричала: «Браво, бис!», А он, всем телом напрягшись, Весь как пружина в ярком платье, Он ждал наплыва новых сил И про себя произносил Слова какого-то заклятья.
Он обращался к своему Трамплину, он шептал ему: — Гляди, полны места и ниши, Я разгоняюсь для прыжка, А ты, заветная доска, Меня взметни как можно выше!