Ils ont enlevé sans mesure Ta coiffe blanche sans dentelle, Avant de jeter en pâture Ta chair et ton âme rebelles. Lors ils t'ont mise à demi nue En seule chemise de lin blanc, Au regard des bourgeois ventrus, Sous les lazzis des bien-pensants.
Te fut prédit à la naissance Grand destin mais du mal côté, Tu as grandi, maigre pitance, De pain chipé sur les marchés; Mercière le jour la nuit brigande, Quérant fortune en grands chemins, Rousse égérie menant ta bande, Sans jamais de sang sur les mains.
Dans un bel et secret commerce, M'offris tes friolets mutins, Tes yeux jades qui mon cœur percent, L'iris de ton joliet tounin. Sois-tu maudit bourreau infâme, Qui au fouet déchiras sa peau, Pour l'heur' des douairières qui se pâment, Et as marqué au fer son dos.
Malheur aux juges en rouges robes, Ces noirs maquignons de l'ankou, Qui la vérité vous enrobent, Selon les grés de leur courroux. Ce soir au nom du Roy de France, Que d'aucuns disent « le Bien Aimé », Ils te conduisent à la potence Par devant la foule dressée.
Ils ont défait ta chevelure Couleur de coucher du soleil, Passé trois cordes en encolure Et parure à ton cou merveille.