On revait longtemps à l'avance de nos vacances de printemps. C'était dans les années 50 à Conflans chez nos grand parents. Dans la 203 du grand père, bricolée par ses mariniers, avec 6 hublots à l'arrière, on était des aventuriers.
20 000 lieues sous la Créssonnière, on plongeait dans le sous-marin, à Moussy, des journées entières, avec ma soeur et mon cousin.
Les cloches de Pâques en escadrille, bombardées d'oeufs en chocolat. La grande allée où les morilles se cachaient pour qu'on n'les trouvent pas.
20 000 lieues sous la Créssonnière, on plongeait dans le sous-marin, pour 15 jours rien d'autre à faire. Dieu que l'école elle était loin.
Tous les matins maman Liline allait nous chercher du pain chaud. Les trains là-bas sur la colline faisaient des nuages de marshmallow. César envahissait la Gaule et les pages de mes cahiers, en latin ça c'était pas drôle, fallait préparer la rentrée.
Je me fichais de cette guerre. Dieu que le collège était loin. 20 000 lieues sous la Créssonnière, je m'envolais en sous-marin.
Les jeux franchissaient les montagnes, le désert du Colorado. Et j'attaquais les caravanes, je devenais Géronimo.
A-t-il rejoint la mer immense, ou rouillé au fond du jardin, le sous-marin de mon enfance. C'est son secret et c'est le mien.