Noires années de disgrâce D’exquis exils stériles Année deux mille quatorze Ma turpitude frétille
Suis qu’un salaud qui dort Ange phagocytaire T’ouvrant large mon thorax Insatiable Adversaire
Arraché Au déplaisant hiver Arraché A la torpeur du vers
Ouvrir une nouvelle fois l’étrange catafalque Convoquer au sabbat mes incubes mes sorcières L’étreinte de minuit sous l’aile noire du Prince La langue en-sanglotée Perverse acidulée
Venez anciens amis défunts Saluer l’objet de toutes vos rancœurs Venez en procession amantes d’une heure Baiser l’infecte verge sur son reliquaire
Moi! La gargouille obscène et toujours gémissante Écorchée dans le sel sous l’astre du malheur Et dont on tend les squames écailleux En guise de chapiteau
Équilibriste au bord de l’ombilic crasse A moi, de tous côtés! Gentilshommes d’infortune! Bouffon précieux de l’ancienne Cour J’inonde de nacre la pleine lune
Je sers le Roi Cauchemar Du chaos primitif jusqu’au dernier grand soir Je sers le Roi Cauchemar Et la Couronne du Léopard
Je sers le Roi Cauchemar Du chaos primitif jusqu’au dernier grand soir Je sers le Roi Cauchemar Je sers
Serviteur du Roi Serviteur des folies Serviteur des mirages Serviteur de la nuit
Arraché Aux complaintes d’hier Arraché A la torpeur du vers
Noires années de disgrâce Qui s’achèvent, pauvre ami Mon verbe est plein d’audace Et mon vit raffermi
Approchez, approchez courtisans, duchesses et marquis enfouis Arrachez vos fémurs vert-de-gris au marécage des siècles Partout on ravive les flambeaux pour guider vos esprits A travers le labyrinthe de crépuscule virevoltant
Qu’importent les vivants, nous sommes d’humeur spectrale Exaltés et ardents, loin de l’odieuse époque Du bassin d’Apollon jusqu’à la salle de bal Quels spectacles charmants, quels plaisirs goûtons-nous!
Ô mes précieux tombeaux, vomissez vos ossements! Ravissantes hétaïres, menez-nous d’illusions en vertiges Aux salons dérobés, enfouis, obsolètes, oubliés Parés de chairs fiévreuses et de soupirs
Ici est mon séjour Derrière ces murs d’oubli Sur les allées désertes Où murmurent les fantômes
Entre les pages moisies Les boiseries vermoulues Favori de ces dames Qui ne respirent plus
Tout cela vaut bien De raviver l’enfer De perdre son esprit De s’enfuir en arrière Oui tout cela vaut bien De raviver l’enfer
Je sers le Roi Cauchemar Du chaos primitif jusqu’au dernier grand soir Je sers le Roi Cauchemar Et la Couronne du Léopard
Je sers le Roi Cauchemar Du chaos primitif jusqu’au dernier grand soir Je sers le Roi Cauchemar Je sers le Roi
Je sers le Roi Cauchemar Du chaos primitif jusqu’au dernier grand soir Je sers le Roi Cauchemar