Nous nous souvenons de la terre Quand les vagues atteignent le ciel Les mouettes poussent des cris amers Comme les ames des noyes Mais moi, je ne brise pas mon front En priant de grace comme un mendiant Elles soupirent, les planches du pont, les planches du pont, En me pardonnant.
Et par des eaux comme par terre – Ce n’est pas de nous, Dieu nous le pardonne ! Les planches solides de notre pont Nous sauvent des sables frangeux du fond. Alors, vas-y, ouvre tout grand, tout bon Tes caves, l’ile gaie, prete a balancer, Ta terre tremble comme les planches du pont, les planches du pont, Et se met a danser !
Un beau matin on me dira: « Ton jeu est joue, y en a marre, Tout est decide, tu changeras Ton foulard a une cravate de chanvre ». Et j’entendrai la voix du violon Dans l’obscurite qui m’engloutira, Les planches sous mes pieds comme les planches du pont, les planches du pont, Ca me semblera...
Apres avoir danser dans ma corde je saute A bas et je me prosterne: « Permets-moi de naitre a bord d’un vaisseau Hors des pays, hors des frontieres. J’me rangerai, j’tiendrai la parole que j’te donne, Ma vie recommencera, pour qu’elle soit heureuse, Par une petite chanson des planches du pont, des planches du pont, Douce comme une berceuse.