Dans le domaine de l’ardeur Je me traînais sans fin ni cesse, Le Séraphin en sa splendeur Se presenta a ma détresse.
Et, tel un baume merveilleux, Posa ses doigts sur mes yeux. Les yeux frémirent, puis – s’ouvrirent, Et, tel les yeux de l’aigle, virent.
Mes deux oreilles il toucha, Et les emplit le grande fracas. J'ouïs de cieux le large souffle, Des anges le sublime vol, Le cœur du germe dans le sol, Le cours des monstres dans leur gouffre.
Et, me ployant comme un osier, Il arracha de mon gosier Ma langue vaine, langue folle, Et de sa dextre toute en sang La langue sage de serpent Y mit – qui pese mes paroles.
Et, de son glaive me frappant, Il m’enleva mon cœur de sève, Et le charbon incandescent Mit dans la trace de son glaive. (*)
Et je restais pareil aux mortes, Et le Seigneure me dit alors: Debout, Prophète, vois, écoute, Emplis ton être de ton Dieu, Que ta demeure soit – la route, Et que ton verbe soit – du feu.