Autobiographie / Автобиография (муз. Жоржа Гарваренца - ст. Шарля Азнавура)
J'ai ouvert les yeux1 sur un meublé triste Rue Monsieur-le-Prince2 au Quartier Latin Dans un milieu de chanteurs et d'artistes Qu'avaient un passé, pas de lendemain Des gens merveilleux, un peu fantaisistes Qui parlaient le russe et puis l'arménien
Si mon père était chanteur d'opérette Nanti d'une voix que j'envie encore Ma mère tenait l'emploi de soubrette3 Et la troupe ne roulait pas sur l'or Mais ma sœur et moi étions à la fête Blottis dans un coin derrière un décor
Tous ces comédiens chargés de famille Mais dont le français était hésitant Devaient accepter pour gagner leur vie Le premier emploi qui était vacant Conduire un taxi ou tirer l'aiguille Ça pouvait se faire avec un accent
Après le travail les jours de semaine Ces acteurs frustrés répétaient longtemps Pour le seul plaisir un soir par quinzaine De s'offrir l'oubli des soucis d'argent Et crever de trac en entrant en scène Devant un public formé d'émigrants
Quand les fins de mois étaient difficiles Quand il faisait froid, que le pain manquait On allait souvent honteux et fébrile Au Mont-de-piété où l'on engageait Un vieux samovar, des choses futiles Objets du passé, auxquels on tenait
On parlait de ceux morts près du Bosphore4 Buvait à la vie, buvait aux copains Les femmes pleuraient et jusqu'aux aurores Les hommes chantaient quelques vieux refrains Qui venaient de loin, du fond d'un folklore Où vivaient la mort, l'amour et le vin
Nous avions toujours des amis à table Le peu qu'on avait, on le partageait Mes parents disaient : « Ce serait le diable Si demain le ciel ne nous le rendait » Ce n'est pas là geste charitable Ils aimaient les autres et Dieu nous aidait
Tandis que devant poêles et casseroles Mon père cherchait sa situation Jour et nuit sous une lampe à pétrole Ma mère brodait pour grande maison Et nous avant que d'aller à l'école Faisions le ménage et les commissions
Ainsi j’ai grandis sans contrainte aucune Me soûlant la nuit, travaillant le jour Ma vie a connu diverses fortunes J'ai frôlé la mort, j'ai trouvé l'amour J'ai eu des enfants qui m'ont vu plus d'une fois Me souvenir le cœur un peu lourd
Rue Monsieur-Le-Prince au Quartier Latin Dans un milieu de chanteurs et d'artistes Qu'avaient un passé, pas de lendemain Des gens merveilleux un peu fantaisistes Qui parlaient le russe et puis l'arménien