«La vie en rouge» («Жизнь в красном цвете») для голоса и ансамбля, соч. 45 (1973) на тексты Бориса Виана
Исполняет ансамбль «Kaleidocollage»
1
J'aimerais Devenir un grand poète Et les gens me mettraient Plein de laurier sur la tête Mais voilà Je n'ai pas Assez de goût pour les livres Et je songe trop à vivre Et je pense trop aux gens Pour être toujours content De n'écrire que du vent.
2. La vraie rigolade
Dans l'métro ça y sent mauvais Et on n'a l'y droit d'y rien faire: "Défense de cracher du sang". "Défense de fumer des harengs". Les places tamponnées sette et uitte Sont réservotées aux squelettes Et aux lépreux et aux jésuites Par ordre de prioritette. On sort et là, i faut qu'on jette Les cadavres dans la corbeille Et au Luxembourg c'est pareille "On n'a pas l'droit d'brouter l'oseille" "I faut tnir les cercueils en laisse" "Faut pas marcher sur le curé" Et pour se reposir la faisse Faut qula chaisière se soye tirée. Viens au bistro c'est bien plus chouette On peut apporter sa cuvette On peut cracher tout l'sang qu'on veut Laisser les cercueilles se marrer Danser le souingue sur le curé Et fumer des têtes coupées Céti pas mieux ? Céti pas mieux ?
3. La java des bombes atomiques
Mon oncle, un fameux bricoleur Faisait en amateur Des bombes atomiques Sans avoir jamais rien appris C'était un vrai génie Question travaux pratiques Il s'enfermait tout' la journée Au fond d' son atelier Pour fair' des expériences Et le soir il rentrait chez nous Et nous mettait en trans' En nous racontant tout :
« Pour fabriquer une bombe "A" Mes enfants, croyez-moi C'est vraiment de la tarte La question du détonateur S' résout en un quart d'heur' C'est de celles qu'on écarte En c' qui concerne la bombe "H" C'est pas beaucoup plus vach' Mais une chos' me tourmente C'est qu' c’lles de ma fabrication N'ont qu'un rayon d'action De trois mètres cinquante Y a quéqu' chos' qui cloch' là-d'dans J'y retourne immédiat'ment »
Il a bossé pendant des jours Tâchant avec amour D'améliorer l' modèle Quand il déjeunait avec nous Il avalait d'un coup Sa soupe au vermicelle On voyait à son air féroce Qu'il tombait sur un os Mais on n'osait rien dire Et pis un soir pendant l' repas V'là tonton qui soupir' Et qui nous fait comm' ça :
« A mesur' que je deviens vieux Je m'en aperçois mieux J'ai le cerveau qui flanche Soyons sérieux, disons le mot C'est même plus un cerveau C'est comm' de la sauce blanche Voilà des mois et des années Que j'essaye d'augmenter La portée de ma bombe Et je n' me suis pas rendu compt' Que la seul' chos' qui compt' C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe Y a quéqu' chos’ qui cloch' là-d'dans, J'y retourne immédiat'ment »
Sachant proche le résultat Tous les grands chefs d'État Lui ont rendu visite Il les reçut et s'excusa De ce que sa cagna Était aussi petite Mais sitôt qu'ils sont tous entrés Il les a enfermés En disant « soyez sages » Et quand la bombe a explosé De tous ces personnages Il n'en est rien resté …