Il est ici-bàs des choses bien redoutables, Mais nulle qui soit plus redoutable que l'homme. Il est l'être qui s'élance sur la mer grise Poussé par le vent du Midi porteur d'orages Et qui fend les flots mugissants autour de lui. Il est cet être qui harcèle sans cesse la déesse suprême La Terre, la terre impérissable, la terre infatigable, Qu'années après années il va tournant et retournant
Le peuple étourdi des oiseaux, Les hordes de bêtes féroces Qui hantent la forêt profonde, Les habitants des eaux marines, L'homme industrieux les capture Par ses engins ils soumet à sa loi Les animaux errants des champs et des montagnes.
Parole, pensée rapide comme le vent, Aspiration à créer des cités, Il s'est appris lui-même tout cela, Ainsi qu'à se soustraire au gel et aux averses, Si dur aux êtres qui n'ont que le ciel pour toit, Plein de ressources, il ne se trouve démuni Contre rien de ce qui peut arriver. A la mort seule, il n'a pas le pouvoir d'échapper, Quand bien même il a inventé des remèdes A des maladies réputées incurables.
Détenteur d'un savoir dont les productions ingénieuses Dépassesnt toutes espérance, il s'engage Tantôt sur le chemin du bien, Tantôt sur le chemin du mal: S'il sait apparir les lois du pays Et la justice des dieux qu'il a juré de respecter Qu'il s'élève au plus haut rang de notre cité, Mais qu'il en soit banni Si l'audace le pousse à défier l'ordre établi, Qu'il n'ait plus place aucune en mon foyer, Non plus que de mes pensées.