Je fis un feu, l'azur m'ayant abandonne, Un feu pour etre son ami, Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hiver, Un feu pour vivre mieux.
Je lui donnai ce que le jour m'avait donne: Les forets, les buissons, les champs de ble, les vignes, Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs cles, Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fetes.
Je vecus au seul bruit des flammes crepitantes, Au seul parfum de leur chaleur; J'etais comme un bateau coulant dans l'eau fermee, Comme un mort je n'avais qu'un unique element.
Paul ELUARD, Le Livre ouvert I 1938-1940 (1940) (poeme compose en 1918)