Tu le connais ce hurlement, si matinal et inaudible Le réveil sonne brusquement, la fatigue est bien perceptible Option rasage sans entaille pour les matins les moins galères Plein pot direction ton travail, un lundi aux saveurs amères 15 minutes d’attente à Pigalle, métro bloqué, bondé, puant Plaqué contre une vitre sale entre deux citoyens afghans Prisonniers de l’immigration, parlants dans leur langue maternelle Tu préfèrerais du "Légion" à 88 décibels
Refrain : T’as intérêt à avancer sur les rails de la décadence Babylone nous a condamnés, fais-leur plaisir, crève en silence
8 heures et quart à Saint Lazare, ton patron va encore gueuler "Plus de retard car tôt ou tard, je vais finir par te licencier !" Esclave moderne endimanché, sans bouger derrière ton écran Victime d’un monde financier, asservi par le rendement. Une heure de pause pour déjeuner, assis sur ton banc de clochard A réécouter tes ainés chanter des chansons sans espoir Le monde absurde de Vae Victis, entre deux bouchées de casse-dalle Reflète ce moment propice, d'une vie amputée d’idéal
Refrain
Après midi c’est reparti, tu reprends ton sourire forcé Première journée bientôt finie, noyé sous une pile de dossiers A écouter ces salariés, parler de fringues et du JT Du dernier film sans intérêt, de leurs soirées dégénérées Discussions de cons en costard, sous la barre du niveau zéro Tu restes calme à tout égard sous peine d’être traité de facho Leur esprit civique à la con, mieux vaut en sourire qu’en pleurer Perdus sans aucune conviction, plutôt les fuir que se renier