Dans ma nuit / Le rat de ville et le rat des champs
Dans ma nuit Tranchée trouble et puante semée de trous de loup où il pleut Des averses de herses, des giboulées d’boulets et d’ennuis Dans ma nuit où il pleut Ô ma mauvaise étoile De magenta et d’bleu T’es venue tisser ta toile Aux lueurs violettes et contrefaites Faites de demi-vie.
Dans ma nuit Noire, perpétuelle, dense, Dans c’maudit Auditorium du Thor J’ai gouté ta danse Drogue d’or dure Dure comme ma future Dépendance.
Dans nos nuits D’Frigolet L’abbaye Résonnait De nos paiënneries Et la Neige fondit A la lumière de tes pièges De tes menteries.
Psychiatrie… Nouvelle nuit Seuls amis : Des zo-tri Qui hurlent comme des nourrissons Comme des chansons qu’invitent A c’que vite tous Nous pourrissions…
Psychiatrie Nouvelle nuit C’est ici Que tu m’as laissé Ben ouais ! Dans mes nuits, Dans ma nuit… Dans… ma vie.
Dans ma nuit Ca fait bien Trente-et-un Ans qu’j’y suis Que j’y sue Que j’aime rien Que j’y suce Comme un chien L’os pourri Au goût d’Suze Vénéneux Bien amer Et dégueu Au goût d’merde De la mélancolie. C’est même pas d’ta faute Vieille pote Si dans vot’ vie d’chiotte J’suis comme une fausse note En délit d’fuite dans ma nuit labyrinthique Rattrapé par mon deuil génétique Cherchant ton jour sans GPS Mais comme toujours Flashé pour excès d’tristesse… Rangé sur l’bas-côté La tête éclatée Comme mon père en cane-bé Un sale été.
(Jean de LA FONTAINE (1621-1695))
Autrefois le Rat de ville Invita le Rat des champs, D'une façon fort civile, A des reliefs d'Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie Le couvert se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu'un troubla la fête Pendant qu'ils étaient en train.
A la porte de la salle Ils entendirent du bruit : Le Rat de ville détale ; Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire : Rats en campagne aussitôt ; Et le citadin de dire : Achevons tout notre rôt.
- C'est assez, dit le rustique ; Demain vous viendrez chez moi : Ce n'est pas que je me pique De tous vos festins de Roi ;
Mais rien ne vient m'interrompre : Je mange tout à loisir. Adieu donc ; fi du plaisir Que la crainte peut corrompre. // Однажды Крыса городская На пир к себе землячку позвала. Землячка ж та была Провинциалка — Крыса полевая. Вот гостья в барский дом является на зов. Там в зале, на ковре французском, Хозяйка ждет ее. Обед уже готов, И счету нет всем яствам и закускам. Какая роскошь! подлинно что рай! С господского стола за месяц все объедки, Приберегла хозяйка для соседки — Что хочешь, то и выбирай! Тут, насказав любезностей несчетно, И весело болтая всякий вздор, Уселись Крысы на ковер И принялись за яства беззаботно. Вдруг слабый шум раздался у дверей... Хозяйка взвизгнула, кричит: \"Беги скорей!\" И в угол шмыг; за нею гостья следом. Но вскоре шум замолк, и потчевать обедом Хозяйка гостью снова начала. \"Пойдем, — промолвила она, — Теперь все тихо, слава Богу!\" А гостья ей в ответ: \"Нет, милая, прощай! Хоть вкусен твой обед, А мне пора в дорогу. Прошу теперь ко мне: я ем не на коврах, И редких блюд таких в деревне не бывает, Зато в обеде мне никто уж не мешает, И радостей моих не прерывает страх\".